La marmite à la saveur de réussite et du bien-être

Lundi 16 octobre 2017 - 11:56

Bienvenue à Sinthiang Cherif, un village situé sur l’axe Tambacounda-Vélingara (région de Kolda). A l’entrée du village à gauche, prêt d’un arrêt de véhicules de transport, en provenance de Vélingara, une construction modeste d’environ 20 m² attire l’attention : le restaurant de Dieynabou Diallo. Vu la taille du village, on pourrait s’interroger de savoir qui peuvent être les clients, cependant les habitués de la route connaissent bien ce site.

Venue à notre rencontre, une femme d’une quarantaine, teint marron, vraisemblablement enthousiasmée par notre arrivée, nous accueille devant sa case. Cette fois nous n’avions pas été attirés par la saveur de la marmite ou les délices sur la table, mais pour une visite ordinaire pour parler des Association Villageoise d’Epargne et de Crédit (AVEC).  

Dieynabou Diallo entrain de préparer un café au lait

Mère de sept enfants, Dieynabou a très tôt compris les opportunités dans la restauration et le petit commerce dans son village en plein expansion. « Je fais le petit commerce depuis longtemps plus de quinze (15) ans, mais mes ressources sont très limitées et donc je ne pouvais  développer mes activités pour la restauration. Il me fallait plus de fonds pour cela, cependant les conditions proposée par les institutions de microfinance n’étaient pas à ma portée. La venue des AVEC a changé beaucoup de choses pour nous les femmes surtout », dit-elle.  

Une Association Villageoise d’Épargne et de Crédit (AVEC) est un groupe de quinze (15) à vingt-cinq (25) personnes qui épargnent ensemble et font de petits emprunts à partir de ces épargnes. Les activités des AVEC fonctionnent en « cycles » d’une durée d’environ une année, au bout de laquelle les épargnes accumulées et les bénéfices tirés des prêts sont répartis entre les membres proportionnellement au montant qu’ils ont épargné.

A Sinthiang Chérif, au cycle dernier, les femmes avaient reparti un millions cinq cent milles franc CFA. Ce qui a permis à Dieynabou non seulement d’augmenter sa provision pour son commerce et son restaurant, mais également d’acheter deux moutons pour faire de l’élevage. Par ailleurs, l’accès au crédit de l’AVEC lui a permis d’acheter plus de marchandises pour développer son commerce de condiments et acheter plus d’ustensiles pour le restaurant.

Souleymane et Aïssatou, les enfants de Dieynabou, joyeux avec les montons

En effet, depuis l’avènement des AVEC dans la zone de Sinthiang Koundara en 2015, Dieynabou a aussitôt adhéré à la suite des sensibilisations menées dans son village.  La zone du programme compte aujourd’hui soixante quinze groupes d’épargne dont 2 groupes d’enfants. Mille sept cent quatre vingt neuf personnes dont 97% de femmes participent aux groupes. Chaque groupe mobilise au moins un million cinq cent à deux millions de franc CFA en moyenne à chaque cycle. A leur 3ème cycle, le groupe de Dieynabou a dû augmenter le prix d’une part, passant de deux cent franc à deux cent  cinquante franc. Maintenant, elle arrive à acheter cinq parts à toutes les réunions d’épargne, ce qui lui permettra de bénéficier de plus de crédit et un avantage comparatif à la répartition.

Le développement des activités génératrices de revenu et l’accès au financement n’est pas souvent facile en milieu rural. Non seulement le taux d’intérêt peut être très dissuasif, mais aussi l’absence de garantit ou de caution solidaire prônée par les microfinances limites cet accès.  Un fait général dans la plus part des communautés que les AVEC comptent y remédier. En effet, en fournissant un moyen de mettre en commun leurs économies en toute sécurité, les AVEC peuvent aider les « pauvres » et les personnes désavantagées à accumuler des ressources productives de manière plus efficace, ce qui permettrait de faire des activités génératrice de revus. L’épargne collective aide également à établir une solidarité entre les membres et fournit un filet de sécurité face aux prêts abusifs des institutions financières ou de micro finances.

Souleymane, son fils ressent un sentiment de fierté pour sa mère « Ma maman nous aide beaucoup dans notre scolarisation, mes frères et moi. En plus des fournitures scolaires et elle me donne de l’argent pour mes besoins quotidiens ». Sa contribution dans l’éducation de ses enfants a sans doute motivé les excellents résultats scolaires de ces derniers. Souleymane est le premier de sa classe, ses frères sont en classe de 3eme au secondaire et sa sœur fait partie des meilleures de sa classe.

Dieynabou préparant du moni de sorgho pour l'offrir aux enfants du village

A entendre Dieynabou, l’AVEC a apporté un grand changement dans sa vie : « J’arrive à subvenir à mes besoin et à ceux de mes enfants, sans compter ma contribution à  l’amélioration du menu quotidien de la famille car pour moi, tout ce que je fais c’est pour ma famille, mes enfants en particulier » dit-elle. D’ailleurs, elle est capable de faire autant pour les autres enfants du village à travers les dons qu’elle fait.

L’existence de projets modèles contribue certainement au développement transformationnel des communautés où intervient World Vision. L’engagement et l’adhésion des communautés elle-même permettra de renforcer la durabilité des actions entreprises pour le bien-être accru des enfants. L’engagement de chacun déterminera les nouvelles actions à entreprendre pour la mise à l’échelle effective pour que toutes les communautés puissent accéder aux bienfaits des groupes d’épargne. Tout comme  Dieynabou Diallo, les femmes de Sinthiang Cherif ont bien compris que le développement est possible avec les groupes d’épargne

Réunion d’épargne du groupe de Dieynabou

Article rédigé par:  Allousseynou Sambakhe, point focal Communication du Cluster de Vélingara/Kounkane

Crédits Photos: Allousseynou Sambakhe