Déperdition scolaire : Quand Mohamed s’abreuve à «l’oasis de lumière»
Mohamed Ould Cheikhane, 19 ans, était en situation de déperdition scolaire, quand le CDC de Zeinabou Mint Ahmed, "Ouad El Nour" (l’oasis de lumière – ndlr), appuyé par World Vision Mauritanie, l’a pris sous son aile, parrainant ainsi le garçon, qui suit depuis un mois une formation de gendarme à Rosso, à la frontière sénégalo-mauritanienne.
Dans la boutique de sa mère à Arafat, quartier périphérique pauvre de l’est de Nouakchott, on trouve Mohamed, en break pour sa formation de gendarme, en train de faire du thé. L'ambiance chaleureuse, emplie de sourires, masque le parcours socio-scolaire difficile du jeune homme.
« Il est parmi les enfants qui ont bénéficié d’une formation informatique en 2011, puis d’une formation professionnelle de trois mois, à l’école supérieure d’informatique, comptabilité-gestion-langues ; formation qu’il a lui-même payée, et pour laquelle il a obtenu la mention très bien » évoque Zeinabou Mint Ahmed présidente du centre de développement communautaire (CDC) « Ouad El Nour » à Arafat-2.
« Avant cette étape, il y a un suivi de leur parcours scolaire : on contacte les parents, ainsi que les directeurs d’écoles ; on suit parallèlement leurs dossiers pour l’obtention de papiers d’état-civil. Tout en discutant avec les cas de déperdition. On ne les oriente qu’en fonction de ce qu’ils souhaitent faire » continue à côté Cheikh Abdel Aghag, coordinateur de parrainage à l’ADP de Worldvision d’Arafat-2. "Ouad el Nour" travaille essentiellement sur des cas d'enfants vulnérables, sans pièces d'état-civil. Ainsi, le gros du plaidoyer se fait auprès du maire, des inspecteurs de l'éducation nationale, ou même du préfet.
« A partir de ces activités génératrices de revenus, certaines de ces filles en déperdition ont pu devenir coiffeuses, et même électriciennes ! »
Grâce à cette procédure, 40 enfants en déperdition, ont été réinsérés, pour cette année scolaire 2014/2015. Près de 40% des élèves admis en cours primaires, dans cette commune de Nouakchott, sont perdus durant leurs première ou deuxième année d'école. Certains d’entre eux, notamment des filles, ont pu être réinsérées grâce à des AGR promues par « Ouad El Nour », et appuyées par Worldvision Mauritanie. « A partir de ces activités génératrices de revenus, certaines de ces filles en déperdition ont pu devenir coiffeuses, et même électriciennes ! » précise Zeinabou Mint Ahmed.
« La formation est dure, mais on s’adapte. On est totalement coupés de nos parents pendant 45 jours… C’est surtout le manque de nouvelles de ma mère qui me marque. Et les 42 kilomètres de marche chaque jour ! » Dit en riant doucement Mohamed Ould Cheikhane.
« A défaut d’aller à l’école, et recevoir une formation académique classique, tout parent veut pour son enfant l’indépendance sociale et économique. Mohamed a trouvé sa voie grâce à l’action de l’association de Zeinabou, appuyée par Worldvision » affirme la mère de Mohamed, Houda Mint Ballah.
« Si tout se passe bien, je sortirai dans 9 mois comme élève-gendarme » opine le jeune garçon. « Maintenant que j’ai une chance claire de pouvoir être indépendant, et pouvoir à terme appuyer ma mère, j’ai un poids en moins dans le cœur » conclut le jeune homme.