Des jeunes formés à des métiers pour renforcer les moyens de subsistance des communautés affectées par la crise
Par Noëlie Sawadogo, Spécialiste Communication & Plaidoyer
Dans la Boucle du Mouhoun, une des régions qui subit la pression des groupes d’opposition armés, de nombreux villages se sont vidés de leurs habitants qui ont trouvé refuge, pour certains, à Dédougou, le chef-lieu de la région.
Assétou a quitté son village natal, suite à un ultimatum des hommes armés. « Ils sont arrivés un soir et ils nous ont donné seulement 3 jours pour partir sinon nous serons tous tués » raconte la jeune femme. Comme beaucoup d’autres personnes, elle quitte précipitamment le village avec sa famille et trouve un pied à terre à Dédougou.
Elle essaie de poursuivre ses études à Dédougou mais les conditions difficiles l’obligent à abandonner. « Avoir à manger est difficile, avoir de l’eau est un souci quotidien pour nous. Les 3 jours d’ultimatum ne nous ont pas permis de prendre tout ce dont on avait besoin. Tous nos vivres sont restés là-bas. Les conditions de vie sont tellement difficiles que j’ai dû arrêter mes études » explique Assétou.
Etant enregistrée sur la liste des personnes déplacées des services de l’action sociale, Assétou a été retenue pour une formation des jeunes dans le cadre du projet de soutien intégré à la sécurité alimentaire et aux moyens de subsistance pour les populations vulnérables et touchées par le conflit mis en œuvre par World Vision. Ce projet couvre les communes de Dédougou et de Nouna et a permis à des jeunes issus de ménages vulnérables de recevoir des formations dans divers métiers comme la saponification, l’aviculture, le maraîchage, la fabrication de grillage, l’énergie solaire et le tissage.
« J’ai choisi d’apprendre le tissage des pagnes traditionnels. C’est ce qui me correspond le mieux. Avoir désormais une activité me permet d’occuper mon esprit, d’oublier le stress et certains soucis quotidiens. J’aurai aussi un revenu pour répondre aux besoins de mon fils ».
Mariam, elle, est mère de deux enfants et vivait avec sa famille dans un village de la commune de Douroula. Elle est arrivée à Dédougou il y a quatre mois (Entretien réalisé en Novembre 2022) après une incursion nocturne des hommes armés dans son village. « Ça s’est passé la veille de la fête de Tabaski. Ils sont arrivés et de maisons en maisons, ils ont brûlé nos greniers, nos habits et nos maisons et ils nous ont dit de partir. Nous avons quitté nos maisons vers 22 heures pour rejoindre Douroula à pieds ».
Après des semaines à compter sur des bonnes volontés pour survivre avec ses enfants, Mariam a été choisie, avec 59 autres femmes, pour participer à une formation sur la fabrication de savon afin d’avoir une activité et une source de revenus. « J’ai reçu un kit d’installation et je suis vraiment reconnaissante à World Vision qui travaille à nous sortir de la misère. Si tout se passe bien, je n’aurai plus besoin d’assistance pour prendre soin de mes enfants, et je pourrai même continuer cette activité dans mon village si nous arrivons à y retourner » dit Mariam.
Les séances de formation théorique et pratique dans les différents métiers ont duré environ six semaines, et 153 jeunes, composés à 77% de femmes ont reçu des attestations de formation et des équipements pour faciliter leur installation et leur permettre d’accéder rapidement à un revenu décent.
En plus des jeunes formés, le projet a permis à 500 ménages soit en moyenne 3,500 personnes, déplacées internes et des communautés hôtes de bénéficier, à trois reprises, d’une assistance alimentaire à travers des coupons. Soixante femmes ont également reçu des petits ruminants (3 moutons par famille) après une formation sur les techniques d’élevage des ovins.
Toutes ces activités , menées dans le cadre du projet intégré d’assistance alimentaire et de moyens de subsistance pour les populations touchées par le conflit, ont été possibles grâce à un financement de Aktion Deutschland Hilf (ADH).