Faire preuve de résilience pour travailler dans une ville sous blocus

Youssoupha, on the IDPs site
Mardi 15 août 2023 - 01:08

Youssoupha est un travailleur de World Vision, engagé dans la réponse multisectorielle à la crise alimentaire dans la ville de Djibo. Ci-dessous, il nous parle des défis auxquels il est confronté au quotidien dans l’implémentation des activités.

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 Djibo est une ville située dans la partie nord du Burkina Faso, à 200 km de la capitale. Elle est le chef-lieu de la province du Soum, dans la région du Sahel. C’est dans cette ville, faisant frontière avec le Mali que les prémices de la crise sécuritaire voient le jour en 2015, avant de toucher le reste du pays.

Depuis 2021, la ville de Djibo est sous blocus : le ravitaillement par la route est très difficile et se fait seulement sous escorte militaire, la communication avec l’extérieur est très limitée et la population se retrouve aujourd'hui dans une situation où elle est de plus en plus isolée.

Youssoupha vit à Djibo depuis 2020 et y travaille en tant qu’agent humanitaire de World Vision  depuis juin 2022.

 

Youssoupha WV Worker

 

« Nos activités se déroulent généralement sur les différents sites qui accueillent les personnes déplacées. A cause du manque d’essence dans la ville, je suis obligé de rejoindre tous les sites à pieds. La distance que je parcoure par jour pour la mise en œuvre des activités est de 4 à 5 km en moyenne. Ensuite, je dois encore sillonner la ville à la recherche de l’internet afin de pouvoir continuer mon travail ».

Les travailleurs humanitaires des organisations intervenant à Djibo rencontrent d’énormes difficultés pour accomplir leur travail. Alors que leurs activités sont fortement affectées par la dégradation du contexte sécuritaire, ils doivent aussi faire face aux difficultés engendrées par le blocus de la ville :

 « La ville n’est plus desservie en eau potable depuis la destruction des installations de l’office nationale de l’eau par les groupes armés. En plus de l’absence d’eau potable, il n’y a pas de gaz butane. L’électricité n’est disponible que quelques heures par jour. Certains produits comme le sucre, le lait ou le savon sont inexistants sur le marché. Les denrées alimentaires encore disponibles sont à des prix exorbitants. Ce qui affecte sérieusement le pouvoir d’achat des populations »

 

Youssoupha WV Worker

 

Malgré le contexte assez difficile, Youssoupha se dit déterminé pour soutenir les communautés affectées par le conflit. Selon les derniers chiffres du Conseil National de Secours d'Urgence et de Réhabilitation (CONASUR), la commune de Djibo accueille plus de 269 000 personnes déplacées, qui ont fui les violences dans les villages environnants. Avec les difficultés d’accès et d’approvisionnement de la ville, les communautés hôtes et déplacées font face à une situation alimentaire et nutritionnelle préoccupante.

« Vivre à Djibo actuellement, c’est cohabiter avec le stress. Mais c’est en connaissance de cause que j’ai fait ce choix. Je veux aussi apporter ma contribution. Je vis peut-être dans des conditions difficiles mais il y a des gens qui ont des souffrances beaucoup plus profondes et en tant que travailleur humanitaire , je dois être là pour eux . Les communautés font preuve de résilience, et nous devons en faire de même ».

World Vision est présente à Djibo depuis 2022 et y mène des activités de protection pour les enfants et les adultes, à travers le renforcement de capacités pour les leaders communautaires. Nous soutenons également les communautés en améliorant leur accès aux infrastructures d’assainissement.

 

Par Noëlie Wendpanga Sawadogo, Spécialiste Communication.