RD Congo: Des engagements pris par les autorités à la célébration de la journée de l’hygiène menstruelle
Par Tatiana Ballay, Communications Officer
Vision Mondiale en partenariat avec le gouvernement provincial du Haut-Katanga a commémoré la journée de l’hygiène menstruelle. La cérémonie commémorative de cette édition 2023 a eu lieu à Lubumbashi. Organisée par Vision Mondiale avec le soutien des associations communautaires partenaires. C’était une occasion de lancer un appel collectif à la mobilisation de tous, afin de promouvoir la gestion hygiénique des menstrues en milieu scolaire en particulier et dans la société congolaise en général.
La Journée de l’Hygiène Menstruelle a pour objectif de reconnaître le droit des femmes partout dans le monde de gérer leurs règles de façon hygiénique, et d’inciter la population à discuter des défis auxquels les femmes font face.
A cette occasion la Vision Mondiale à travers son programme WASH (Eau, hygiène et assainissement) a mené une action de plaidoyer auprès du gouvernement provincial et l’ensemble de la société civile pour dire : « Non à la stigmatisation des menstrues », action qui s’associe au thème international de cette année 2023 « Faire de la menstruation un élément normal de la vie d’ici 2030 ».
Le but est de permettre aux enfants de connaître leurs corps et les manifestations qui en découlent de l’adolescence à l’âge de la puberté, ouvrir une conversation sur ce sujet, fournir des renseignements clés sur les actions à prendre, et réduire les risques de santé. « L’hygiène menstruelle mérite aussi toute notre attention au regard de sa spécificité et devrais attirer l'attention de tout le monde. Nous ne pouvions pas imaginer ce que cela pouvait causer dans le plus profond de chaque humain. En tant que représentant du peuple, nous avons tout compris. Et nous allons vous accompagner pour que tous ensemble nous trouvons une solution pour notre société. C'est vraiment une nécessité impérieuse, des cabines hygiéniques aux normes dans nos écoles, dans nos églises. », a mentionné Thomas Lupata, Rapporteur de l’assemblée provinciale du Haut-Katanga.
C'est pourquoi, au cours de cette cérémonie et au nom de l’assemblée provinciale, il a lancé un message à l'endroit des partenaires et de l’ensemble de la communauté. « Notre constitution fait de la santé publique une obligation et impose à l'état de tout faire pour que la population soient protégées. Nous pensons également que bon nombre de femmes et de jeunes filles connaissent cette difficulté au quotidien. Nous allons nous battre, nous serons partout là où ça sera possible, pourvu que les conditions de nos mamans et nos jeunes filles puisse s'améliorer », a-t-il ajouté.
Des filles abandonnent aussi complètement l'école lorsqu'elles ont leurs règles. Plusieurs facteurs expliqueraient cet abandon, notamment le manque des latrines appropriées, le manque d'informations ou des produits d'hygiène dans les écoles.
Au cours de cette activité, l’acceptation de la femme dans la société congolaise a été soulevé par une jeune fille de 10 ans au nom de Bénédicte avec le poème intitulé « Je Proteste »
« Nous jeunes filles issues des organisations de la société civile du Haut-Katanga portant la voix des femmes et filles vulnérables qui n’ont point de bouche, nous avons jugé indispensable de vous présenter nos préoccupations profondes cadrant avec les attributions du ministère dont la responsabilité vous est confiée. Mais également pour proposer quelques pistes de solution dont la mise en œuvre contribuera à l’amélioration significative de la gestion de l’hygiène menstruelle gage de notre avenir », a souhaité Benedicte.
La question des menstrues demeure encore un sujet tabou dans plusieurs pays dont la RDC. Ainsi, pour faire bouger les choses, il faut que ce sujet soit considéré comme l'affaire de tous, pas seulement celle de femmes, et cela passe toujours et encore en priorité par la communication.
Pour le représentant de la Vision Mondiale, Samuel Djesse, cette journée consiste à interpeller les décideurs afin d’améliorer les conditions de la gestion de l’hygiène menstruelle. « Nous appuyons les efforts des partenaires dans la fabrication et la promotion des bandes hygiéniques lavables. Nous construisons des installations sanitaires dans les écoles, les centres de santé et les églises. Ces installations sanitaires répondent aux normes et standards internationaux. Nous construisons aussi des puits d’eau dans nos communautés … Nous pensons qu’avec tout le monde. Nous allons assainir l’environnement et donner des conditions de confort dont les femmes et les filles ont besoins pendant cette période de menstruation »
Depuis 2018 dans la ville de Lubumbashi, le programme WASH Vision Mondiale soutien les communautés en construisant des latrines aux normes ainsi que des forages dans les écoles. Plus de 100 ont été construits dans les écoles du quartier de Kasungami. Des membres d’association communautaires et du corps enseignant sont formés sur la gestion des menstruels et sont prêts à communiquer, informer, éduquer sur ses aspects de gestion de l’hygiène menstruelle.
Le faible niveau de connaissances des filles sur les règles reste un problème majeur pour la gestion de l’hygiène menstruelle. 58% des filles et 59% des garçons scolarisés au moment de l’enquête déclarent avoir entendu parler des règles. Près de 53,2% des filles ont un niveau moyen de connaissances sur les règles de 2 points sur 7. De plus, les menstruations demeurent un sujet peu abordé tant en famille qu’à l’école à cause du tabou important qui y est associé. Les conséquences de cette méconnaissance des filles des règles sont perçues au niveau de leurs attitudes et pratiques liées à l’hygiène menstruelle. 42,4% des filles se comportent de manière différente durant la période des règles et 10,4% des filles qui ont déclaré avoir manqué l’école au cours du mois précédent l’enquête citent les règles comme une des raisons. Les règles restent donc une des raisons de l’absentéisme des filles à l’école. Concernant les filles pour qui le début des règles est survenu à l’école le mois précédent l’enquête, 73,75% d’entre elles ont alors immédiatement quitté l’établissement, signe d’une gestion difficile de l’hygiène menstruelle en milieu scolaire. « Source : Étude sur la Gestion de l’Hygiène Menstruelle Haut-Katanga RDC 2018 » ménée par Catholic Relief Service et Unicef