RD Congo : GIK - Une Aide Qui Restaure La Dignité Humaine

Jean avac son nouveau fauteuil roulant
Jeudi 20 mars 2025 - 08:50

Par Tatiana Ballay, Communications Officer

Jean Nawej, 71 ans, vit dans le village de Tshiyanda, dans la province du Lualaba, où il connaît une vie marquée par la résilience. Né en 1954 à Lubudi, il perd l’usage de ses jambes à l’âge de trois ans, sans qu’on sache exactement pourquoi. Sa mère lui raconte souvent que son père, machiniste à Kamina, l’avait porté de guérisseur en guérisseur, sans succès. Dans un monde conçu pour les valides, Jean apprend à survivre en rampant, subissant les épreuves avec une force tranquille.

Son enfance difficile ne l’empêche pas de poursuivre ses études. Après avoir fait trois années de secondaire à Lubumbashi, il abandonne faute de moyens. En 1987, il se lance dans le commerce de denrées alimentaires, transportant des produits agricoles entre Dilolo et les grandes villes congolaises. C’est à Tshiyanda qu’il s’installe avec son épouse Jeannette, élevant six filles. Malgré son handicap, il cultive la terre pour subvenir aux besoins de sa famille. Mais en 2018, une hernie discale l’immobilise. De plus, l’état de santé de son épouse se dégrade, ce qui rend leur quotidien encore plus difficile.

Pendant des années, Jean se déplace en rampant, jusqu'à ce qu'une femme de son village lui offre un fauteuil roulant usé en 2016, en échange de cinq sacs de manioc. Bien qu’imparfait, cet outil lui permet de se déplacer un peu plus facilement, mais la pluie et la rouille le rendent rapidement inutilisable. Un jour, un volontaire de Vision Mondiale l’informe qu’une aide est prévue pour les personnes en situation de handicap. Jean apprend qu’il recevra un fauteuil roulant neuf. Le jour tant attendu, il reçoit l’objet tant espéré.

"Quand j’ai posé mes mains sur ce fauteuil, j’ai senti mon cœur s’alléger. C’était plus qu’un simple objet, c’était un symbole : je n’étais pas oublié", raconte-t-il.

 Le fauteuil change sa vie. Il peut maintenant se déplacer librement, sans craindre les blessures ou la boue. Ce cadeau inespéré offert par Vision Mondiale à travers le programme Gift-In-Kind (GIK) ne représente pas seulement une amélioration matérielle seulement, il lui redonne dignité et indépendance. Jean, bien que vivant dans des conditions précaires, ne cesse de se battre pour subvenir aux besoins de sa famille. Avec un panneau solaire, il charge des batteries et répare des marmites qu’il vend, mais les revenus restent insuffisants pour couvrir tous ses besoins.

"Pour un bon repas, il faut 5 000 francs congolais (environ 2 USD), mais nous nous contentons souvent de légumes et de farine de maïs", explique-t-il.

Son fauteuil roulant ne se limite pas à un simple outil de mobilité. Il devient pour lui un symbole de la solidarité et de l’amour du prochain. Il a même partagé l’information de cette distribution avec la seule autre personne handicapée de son village, incitant à l’entraide. Jean puise sa force dans sa foi, guidée par les mots de Jean 13:34 : "Aimons-nous les uns les autres". Il considère le fauteuil comme un geste d’amour concret, une preuve qu’il n’est pas seul.

La situation de Jean illustre également une réalité plus vaste. Dans la région, les personnes en situation de handicap restent largement invisibles et leurs besoins sont encore largement ignorés. Bien que les données soient limitées, le programme Maisha recense quelques personnes handicapées, mais il reste encore beaucoup à faire pour répondre aux besoins de cette population vulnérable. L’histoire de Jean montre que chaque geste compte et qu’il est essentiel de multiplier les actions pour garantir une vie digne et autonome à ceux qui en ont besoin.

Jean Nawej incarne ainsi l’espoir et la détermination. Son fauteuil roulant n’est pas seulement un moyen de transport, mais une véritable clé de sa liberté et de son indépendance.