Des fournitures scolaires redonnent le sourire et l’espoir à Sakina et ses camarades
Il n’y a pas d’enfants difficiles mais il y a des enfances vraiment difficiles. Ce qui est difficile c’est d’être un enfant dans un monde plein de personnes fatiguées, toujours occupées, pressées, et impatientes. Et cet état de fait est quasiment devenu la routine dans les communautés nigériennes en général, et particulièrement à Ouallam, l’une des zones d’intervention de World Vision au Niger.
Samtigué est un village situé à moins de 3 km de de la commune urbaine de Ouallam, et comme partout ailleurs au Niger, la faiblesse des secteurs sociaux de base est criarde. Cela s’observe malheureusement dans le secteur de l’éducation tel que nous le témoigne l’histoire de Sakina.
Sakina, affectueusement surnommée Maigari, est une petite fille de 10 ans vivant à Samtigué depuis sa naissance. Elle est membre d’une famille de quatre personnes dont sa mère Ramatou, son père Marou et sa grande sœur Amina. Elle est élève en classe de CM2. Avec un physique trop frêle pour son âge au premier coup d’œil, on s’étonnera aussitôt qu’elle s’ouvre de sa forte personnalité. Dans ces communautés ou la survie se joue au jour le jour, l’école est un luxe inaccessible pour beaucoup d’enfants.
“Avant quand je n’étais pas à l’école je ne faisais que jouer et aider ma maman dans les tâches domestiques. J'observais les autres enfants partir à l'école et j'avais le cœur meurtri de ne pas pouvoir faire comme eux. J'admirais ces enfants et je rêvais d’avoir l'opportunité d'aller aussi l'école”, témoigne Sakina. “Puis en octobre 2016 je me suis inscrite moi-même à l'école pour céder enfin à mon rêve d’y aller. Depuis, j'apprends chaque jour de nouvelles choses et rêve de devenir enseignante afin de partager ma connaissance aux autres enfants de ma communauté.”, poursuit-t-elle.
Ce fut une très belle ambition que le sort et les circonstances tenteront par tous les moyens de contrarier. En effet, le mirage de l’école se révèlera choquant pour la petite.
"Toutes les quatre premières années du primaire, je les ai passées en m’asseyant à terre. La raison était que notre école ne disposait pas de table bancs. Mais malgré cela, j'adorais encore et toujours aller à l’école. Cela est très désagréable de s’asseoir toujours à même le sol quel que soit le temps et les conditions climatiques. Chaque jour je devenais très sale avant de rentrer à la maison et était souvent malade. Mes amis et moi n'étaient pas à l'aise; nous n'arrivions pas à soigner nos écritures, et nos petits matériels scolaires étaient toujours sales et en lambeaux", affirme Sakina.
Au vu de la situation de l’école de Sakina, les enfants étaient souvent confrontés aux dangers des réalités du monde rural.
"L'an passé –heureusement que nous avons été attentifs– très tôt le matin, nous avions trouvé un serpent sous la natte d’un élève. Dieu merci, le serpent a été neutralisé. Dans notre école, même les scorpions circulent sur le sol et peuvent à tout moment piquer les enfants.
Monsieur Almoustapha Sanda Ousseini, le Directeur de l’école de l’école de Sakina depuis deux ans rajoute, "Etant sur le sol, il est très difficile aux élèves de bien suivre le cours et de bien formuler les lettres dans le recopiage du cours a plus forte raison bien apprendre les leçons", dit-il.
C’est dans ce contexte que le Programme d’Appui à la Qualité de l’Education en Situation d'Urgence, finance par Education Cannot Wait (PAQUES-ECW) a commencé. World Vision a offert à l’école de Sakina : des tables-bancs, livres de lecture et mathématique, bureaux pour les enseignants, chaises, armoires, dispositifs de lavage des mains, boites de stylos, boites ce craies, boites d’ardoisine et kits complets scolaires pour les 150 élèves de l’établissement. Il faut noter que ces kits comprennent chacun un sac, une ardoise, des stylos, crayons de papier, crayons de couleurs, cahiers, craies, gomme, trousse, etc.
"Cette année, World Vision est arrivée dans notre école et depuis beaucoup de choses ont changé. Pour la première fois de ma vie, j'ai obtenu un sac d’écolier avec plein de fournitures scolaires que je n'avais jamais eues auparavant. Et je suis assise sur une table banc cette année. J’étais trop heureuse et trop fière quand je les ai reçues. Cela m'a aussi motivée pour étudier et poursuivre mon rêve. Je suis désormais confortablement assise, moins sale et moins malade. Je peux mieux soigner mes écritures et mon travail en classe", s’exclame Sakina avec enthousiasme.
Ce fut certes une bouffée d’air qui a surtout reboosté la motivation des enfants et de leurs enseignants mais il reste beaucoup à faire face aux énormes besoins de l’école.
"Seuls les élèves de la classe de Sakina, possèdent un cahier; les autres élèves n’en ont pas. Nous avons un problème vraiment criard de fournitures. La grande majorité de ces élèves n’ont même pas de quoi recopier les cours. Ils prennent très souvent les cours sur des feuilles parfois quémandées auprès de rares camarades qui en ont. Les parents n’ont pas les moyens pour leur offrir les fournitures nécessaires. Quand on faisait le cours a même le sol les enfants étaient très sales et leur cahiers et feuilles sont abimées. A cela s’ajoute le manque de guide qui s’avère très important dans le cadre de la préparation des cours et de l’apprentissage. Les performances des élèves étaient au plus bas car sur 30 élèves on a que 14 qui avaient la moyenne dans la classe’’, se désole encore le Directeur.
‘’Dieu merci, ce don de World Vision est bien plus qu’important pour nous, car il a donné à Sakina et à ses camarades du sourire et de l’espoir. Vous pouvez constater qu’elle est enfin assise sur une table, qu’elle est propre, très heureuse et très concentrée sur son apprentissage. Elle participe activement au cours et elle est à l’aise sur la table en utilisant les manuels que nous avons reçus. La présentation du cours est devenue beaucoup plus simple pour les enseignants avec les manuels car chacun peut voir les images d’illustration pour comprendre les leçons. Et ainsi, on observe moins de frustration car chacun possède désormais l’essentiel dont il a besoin. Même chez nous le maitres la préparation du cours est facile maintenant car nous avons les manuelles disponibles. Nous arrivons à mieux contrôler les élèves sur les tables et faire un bon suivi en classe. Ce don nous a permis d’améliorer le moral et le niveau de nos élèves. Ainsi après l’évaluation, nous avons constaté 28/30 qui ont eu la moyenne", se réjouit encore le Directeur.
‘’Le jour où le Directeur National de World Vision au Niger était venu dans mon école, j'étais remplie de joie et de reconnaissance. J'aimerais bien qu'il nous aide à clôturer notre école afin de mieux nous protéger et empêcher que nous ne soyons plus distraits par les passants et les choses à l’extérieur. Nous avons encore besoin de tables bancs pour nos autres camarades qui continuent de s'asseoir à terre’’, conclut Sakina.
‘’Je me réjouis et remercie infiniment World Vision au nom de toute notre équipe pédagogique pour cet appui combien important dans la vie de ces enfants", renchérit Mr Almoustapha.