RD Congo : Victime de Maltraitance, Sarah Témoigne De Sa Reconstruction Grace A L’Approche Canal D’Espoir
Par Tatiana Ballay, Communications Officer
"Je m'appelle Sarah, j'ai 14 ans. Voici mon histoire."
Avant, je vivais avec mes parents. Tout allait bien jusqu’au jour où mon père est parti. Ma mère s’est remariée peu après, mais son nouveau mari ne voulait pas de moi. Il disait que je n’avais pas ma place dans leur nouvelle vie. Alors, ma mère m’a emmenée chez ma grand-mère. Elle m’a dit que ce serait mieux pour moi, mais les choses ne se sont pas passées comme prévu.
Chez ma grand-mère, tout a commencé à changer. Elle fréquentait une église et était connue pour être une femme pieuse. Mais quand ses affaires ont commencé à mal tourner et qu’elle a remarqué des événements étranges à la maison, elle a parlé de tout cela à son pasteur. Celui-ci lui a dit que j’étais la source de ses problèmes, que j’apportais des malheurs dans son foyer.
Les choses ont empiré. Elle a commencé à me maltraiter. Les coups, les insultes, et les privations sont devenus mon quotidien. Je n’avais personne à qui parler. Finalement, elle m’a chassée de la maison. J’ai erré dans les rues pendant plusieurs jours. Je ne savais pas où aller ni à qui demander de l’aide.
C’est alors qu’une femme m’a trouvée. Elle était volontaire dans une église et avait été formée par des membres du RECOPE. Elle savait reconnaître les signes de maltraitance et d’abandon. Elle m’a parlé calmement et m’a emmenée au centre de santé.
Là, j’ai rencontré le docteur Maxime, un membre du RECOPE. Il m’a soignée le paludisme et m’a donné un endroit sûr pour rester temporairement.
Pendant ce temps, il a contacté les services sociaux et, avec l’aide des membres du RECOPE, une médiation a été organisée avec ma grand-mère.
Les autorités sociales ont rencontré ma grand-mère et ont discuté avec elle. Elles lui ont fait comprendre que ce qu’elle m’avait fait n’était pas la bonne manière d’agir.
Après quelques jours de dialogue, elle a accepté de me reprendre chez elle. Mais mon retour n’a pas effacé ce que j’avais vécu.
Mon corps porte des traces de cette période, et je suis encore effrayée lorsque des adultes me crient dessus. Je suis de retour chez ma grand-mère, mais les choses avancent lentement.
Un soutien rendu possible grâce à l’approche Channel of Hope for Child Protection
Tout cela a été rendu possible grâce à l’approche Channel of Hope for Child Protection (COH CP), mise en place dans ma communauté. Cette approche vise à mobiliser les leaders religieux, les volontaires et les familles pour sensibiliser les communautés aux droits des enfants et à leur protection. Dans mon cas, la volontaire qui m’a trouvée avait été formée pour reconnaître les signes d’abus et savoir comment intervenir. Le docteur Maxime, membre du RECOPE, a pu agir rapidement grâce aux outils et aux connaissances reçus lors de cette formation.
L’approche COH CP a permis de renforcer les capacités des membres du RECOPE et des leaders communautaires pour qu’ils puissent identifier, signaler et répondre aux cas d’abus.
Grâce à cette méthode, les mécanismes de dénonciation et les médiations sociales ont été améliorés, offrant à des enfants comme moi une chance d’être entendus et protégés. Sans cet accompagnement, je ne sais pas ce qui serait arrivé.
Note : Le nom de Sarah a été modifié pour protéger son identité.