Panel de World Vision: Les leaders religieux s'engagent dans la lutte contre les mariages d'enfants

Wednesday, July 5, 2017

World Vision Sénégal a convié, le jeudi 22 juin, les leaders religieux à un panel marquant la clôture de la 29e édition de la Semaine nationale de l’enfant (SNE). Placé sous le haut patronage de la ministre de la Femme, de la Famille et de la Petite enfance, Mariama Sarr, cette rencontre entre dans le cadre de la campagne dénommée «Ensemble pour un Sénégal sans mariage d’enfants».

L’intitulé de la campagne montre clairement que le problème du mariage des enfants ne peut être résolu sans la contribution de toutes les couches de la société, particulièrement les communautés confessionnelles, qui ont un rôle majeur à jouer.

Au Sénégal, on estime que les mariages d’enfants portent un sérieux coup développement économique du pays n ce sens qu’ils sont de nature à éroder le capital humain et social. En plus il y a des conséquences sévères sur la santé des filles-mères et des nouveau-nés.

Le risque de mortalité maternelle et infantile est très élevé pour les filles mariées avant l’âge de 18 ans. World Vision souligne que ces mariages prennent des proportions inquiétantes et que ne pas agir signifierait tolérer le phénomène.

Mme Esther Lehman Sow, Directrice Régionale de World Vision en Afrique de l'Ouest

La Directrice Régionale de World Vision en Afrique de l'Ouest, Mme Esther Lehman Sow, a rappelé dans son discours d'ouverture que le combat ne peut pas seulement être un combat pour une entité mais plutôt un combat de tous. « Nous savons sur la base de notre expérience dans le travail humanitaire auprès des communautés, ô combien sont influents, les leaders religieux. Les mariages d’enfants ralentissent le développement économique et peuvent détériorer le capital humain et social d’un pays. C’est pour ces raisons que j'invite les religieux à prendre conscience du rôle qu’ils peuvent jouer et des actions significatives qu’ils doivent poser pour mettre fin à ces pratiques néfastes qui gangrènent la société. Les conséquences sur la santé des filles-mères, la mortalité maternelle et infantile constituent les conséquences de ces pratiques.» soutient-elle.

Mme Esther L. Sow a aussi ajouté que «chaque enfant est créé à l’image de Dieu. Cela veut dire que chaque enfant a ses droits et mérite d’avoir des rêves et des ambitions».

Jean Fréderic Manga, Responsable du Plaidoyer de World Vision Sénégal

«Les leaders religieux doivent sensibiliser leurs communautés, les membres de leurs églises, confréries et en général leurs familles religieuses, sur ce qu’est la violence faite aux enfants et de conscientiser tout fidèle sur le fait que cette violence est présente dans tous les pays, villes et communautés », a poursuivi Jean Fréderic Manga, Responsable du Plaidoyer de World Vision Sénégal.

La problématique liée à la protection des enfants fait l’objet d’une attention particulière. Le panel organisé par World Vision en partenariat avec le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, s’inscrit dans cette perspective. Selon le Directeur des Droits de Protection de l’Enfance et des Groupes Vulnérables (DDPEGV), Niokhobaye Diouf, l’argumentaire religieux a une influence sur le changement des comportements.

Niokhobaye Diouf, Directeur des Droits de Protection de l’Enfance et des Groupes Vulnérables

"La DDPEGV mise sur l’engagement des religieux pour faire reculer ces pratiques néfastes au sein de la société". Rappelant le contexte de la Semaine Nationale de l'Enfance dans lequel s’est tenue cette rencontre, M. Diouf a aussi relevé l’engagement de World Vision pour la fin des mariages d’enfants au Sénégal. D’où le choix du thème:« L’engagement des religieux pour la protection des enfants et la fin des mariages d’enfants au Sénégal».

Niokhobaye Diouf est d’avis que le mariage d’enfants est un phénomène mondial. « Les statistiques montrent qu’une filles sur trois est mariée avant l’âge de 18 ans et que l’Afrique est le continent le plus affecté avec 39% des filles qui sont mariées avant l’âge de 18 ans, 15 % avant l’âge de 13 ans », a-t-il informé. Non sans déplorer les conséquences néfastes que ces mariages ont sur l’avenir de ces enfants. Selon lui, pour relever ces défis de la pauvreté, de la violence, de l’exclusion, de l’ignorance et de celui de la protection des enfants, il faut mobiliser tous les forces vives. Il propose d’opérer ou de suivre l’agenda 2030 pour un développement durable des enfants en Afrique.

C’est en effet, un programme qui permettra d’accélérer la protection et l’autonomisation de l’enfant. Mais aussi promouvoir les Objectifs de Développement Durable (ODD), qui sont un défi majeur pour mettre fin aux mariages des enfants au Sénégal.

Imam Bamar Gueye, Président de l'ONG Jamra

Imam Bamar Gueye, Président de l'ONG Jamra, a abordé le thème sous l’angle de l’attitude du religieux face aux mariages d’enfants. D’emblée, il refusé le concept de mariage précoce pour adopter le mariage d’enfant. Ainsi, il compare sa position  au « Fiqh musulman » qui considère l’aspect physique qui se base sur la tradition pour valider les mariages d’enfants. Se référant au verset, il a invoqué la notion de responsabilité pour adopter la bonne position non sans interpeler la responsabilité de l’Etat par rapport à la loi et à la manifestation de la vérité. Quant à Abbé Clair Emile Sarr, il a salué l’engagement des religieux dans cette lutte. « Il est temps pour nous de comprendre la gravité de ce phénomène qui freine le développement de l’enfant », a-t-il laissé entendre.

Abbé Clair Emile Sarr, Curé de la Paroisse Notre Dame de Lourdes de Kaffrine

Au cours des cinq prochaines années, la campagne «Ensemble pour un Sénégal sans mariage d’enfants» cherchera à changer la donne. Il s’agira de préserver de ce phénomène des centaines de millions de garçons et de filles vulnérables. Ce qui constituera une contribution importante à l'objectif de développement durable (ODDs) 5 et 16.2. 


Les enfants étaient aussi de la partie

Crédits Photos: Alexandre Gassama et Mouhamed Diop