Education: Les cases des tout-petits
La petite enfance est une cible importante des activités de World Vision, en particulier dans le contexte de Kaffrine au Sénégal. En effet, les équipes déploient de grands efforts pour agir en faveur de la protection de l'enfance, de l'amélioration de la situation nutritionnelle et de l'accès à une éducation de qualité, et ce dès le plus jeune âge. Ces initiatives correspondent à la Déclaration du Forum mondial sur l’éducation organisée à Dakar en 2000 qui a affirmé la nécessité de développer et d’améliorer les soins et le développement du jeune enfant, en particulier pour les enfants les plus vulnérables et les plus désavantagés. Les interventions précoces, c'est à dire pour les plus petits, sont très efficaces et présentent de nombreux avantages.
Le fonctionnement des cases de tout-petits (CTP)
Les CTP sont des structures qui accueillent des enfants de 2 à 5 ans en leur offrant un environnement sûr et agréable ainsi qu'un accompagnement éducatif visant à stimuler leur éveil et à favoriser peu à peu leur insertion dans le système scolaire. Elles ont une capacité d'accueil de 150 enfants au maximum. L'enthousiasme des parents et la motivation des enfants sont tels que ce chiffre est souvent très rapidement atteint. Ces cases, qui présentent des similarités avec les écoles maternelles en Europe, sont gérées et animées par un personnel éducatif compétent ainsi que par des membres bénévoles de la communauté. Les cases comportent trois niveaux, en fonction de l'âge des enfants : la petite section, la moyenne section et la grande section.
Le contenu pédagogique et les activités proposées sont adaptés à l'âge et aux capacités des enfants. Ainsi, pour les plus petits, les enseignants parlent la langue locale commune à toutes les ethnies (le wolof) pour faciliter l'intégration des enfants et leur proposent des jeux d'éveil tels que le coloriage, les chansons, etc. Ils commencent également à connaître les tracés pour un apprentissage progressif de l'écriture. Pour ceux qui sont en grande section et doivent donc rejoindre le CI (Cours d'Initiation) l'année suivante, les enseignants veillent à améliorer leurs connaissances du français et leurs premières capacités de lecture. Ils leur proposent également des ateliers manuels tels que la fabrication de poupées artisanales. Les instituteurs adaptent le programme en fonction des besoins et des capacités des enfants. Leur priorité consiste à proposer des activités ludiques qui plaisent à l'enfant, pour lui donner envie de revenir, et qui présentent en même temps un aspect didactique.
Les multiples impacts positifs des cases de tout-petits
Les CTP ont un impact concret sur la vie de la communauté et en particulier sur le bien-être des enfants.
Dans le cadre de la mise en place des CTP, les équipes de World Vision ont développé un programme nutritionnel adapté aux besoins de ces enfants en pleine croissance. Il consiste à proposer aux enfants un repas équilibré et riche sur le plan nutritif trois jours par semaine. Cette initiative, concrétisée grâce aux efforts menés par les femmes pour préparer ces repas, permet d'améliorer l'état de santé des enfants. Avant, lors des périodes de soudure, la situation économique des familles était tellement difficile que ces dernières n'avaient pas toujours les moyens de leur offrir des repas réguliers et adaptés à leurs besoins. Désormais, grâce à ces trois repas par semaine, leur état nutritionnel s'est amélioré et ils peuvent maintenir leur concentration en classe tout au long de la journée. En parallèle, il est possible de noter un « regain d'énergie » de leur part, ils peuvent ainsi profiter des infrastructures de jeux et des activités sportives proposées.
Les résultats les plus importants sont également perceptibles sur le plan éducatif et pédagogique. Tout d'abord, en participant quotidiennement aux activités mises en place dans les CTP, les enfants acquièrent des compétences de vie dès le plus jeune âge. Ils apprennent par exemple à communiquer, à vivre en groupe et à partager. Il s'agit donc d'une première forme de socialisation. De plus, grâce à des supports ludiques comme les chansons, le personnel encadrant enseigne les gestes essentiels d'hygiène (se laver les mains par exemple). Ils vont donc acquérir ces compétences et les reproduire à la maison, impactant alors toute la famille.
D'autre part, les enfants développent aussi leurs premières connaissances et compétences scolaires. En s'adaptant aux âges et aux capacités des enfants, les enseignants mettent en place des modèles d'apprentissage progressifs et en accord avec les réalités locales. Parmi les compétences ciblées en priorité se trouvent la connaissance de la langue française, la motricité, la maîtrise des tracés et une première initiation aux activités de lecture et d'écriture. Grâce à ces activités, il est possible de constater une réelle amélioration du niveau des enfants lorsqu'ils arrivent au CI. L'institutrice de la CTP de Diokoul témoigne : « il est rare de voir des élèves entrer au CI avec de telles compétences, surtout dans la zone ».
L'un des défis majeur concerne les difficultés rencontrées au niveau national pour affecter un nombre suffisant d'enseignants dans les écoles, y compris dans les CTP. Ainsi, dans les CTP de Nguer Mandakh et Dioly Mandakh, il n'y a qu'un seul instituteur pour plus de 150 enfants. L'une des solutions mise en place par World Vision consiste à recruter et à former des moniteurs qui sont compétents pour encadrer ces élèves.
De plus, les CTP ont l'avantage de favoriser l'insertion et l'adaptation des enfants au système scolaire. Les parents constatent l'impact positif de ces programmes éducatifs sur le bien-être de leurs enfants et sont donc incités à prolonger ensuite leur inscription à l'école. On constate ainsi une augmentation du taux de scolarisation au CI dans les zones où sont implantées les cases de tous petits. Ces structures pour la petite enfance représentent donc un moyen pour faire face aux défis de scolarisation rencontrés au Sénégal, et plus particulièrement dans la zone de Kaffrine.
Enfin, le bien-être des enfants est amélioré car ils ont l'opportunité de s'épanouir au quotidien. En effet, l'environnement est agréable : ils profitent de nombreux jeux et de diverses activités ludiques. Les parents, et la communauté de manière plus générale, constatent que leurs enfants sont enthousiastes à l'idée d'aller à la CTP tous les matins. Ces structures permettent en plus de protéger les enfants car ils se retrouvent chaque jour dans un environnement sécurisé, encadrés par des adultes compétents. Auparavant, les plus petits étaient parfois livrés à eux mêmes car les parents travaillaient, ce qui les mettait en danger.
Les CTP sont des activités innovantes qui ont un impact très positif au niveau communautaire. La communauté, consciente des changements à l'œuvre, s'engage d'ailleurs pour prendre soin de la structure et pour participer à l'encadrement des enfants lorsque cela est nécessaire. Dans le programme de Kathiotte, un imam témoigne de son soutien vis-à-vis de ces projets: « nous avons eu la chance d'avoir eu la CTP dans notre village, il faut donc y envoyer les enfants et surtout entretenir le bâtiment ». Ce témoignage montre que l'ensemble de communauté a réussit à s'approprier la structure car elle répond réellement aux besoins de la population.
A ce jour, trois cases de tout petits sont fonctionnelles à Diokoul, grâce au soutien de World Vision France (Vision du Monde). Elles se trouvent à Diokoul Mbelbouck, à Dioly Mandakh et à Nguer Mandakh.
Crédits Photos: Vision du Monde