Le Digital aux couleurs des filles et des femmes

Le digital peut être un espace inclusif pour les filles et les femmes, mais cela nécessite une réflexion et une action intentionnelles pour y parvenir. La pandémie de COVID-19 a accéléré à l’échelle mondiale une transformation et une transition vers le numérique avec davantage de personnes en télétravail et en téléapprentissage. Une occasion pour plusieurs de surpasser les barrières du numérique et de la technologie ; grâce notamment à la création de programmes d’apprentissage virtuel, à la réduction du travail en présentiel et au renforcement de la résilience des différents programmes et secteurs.

En vérité, la technologie demeure un puissant levier pour la promotion de l’égalité des sexes et de l’inclusion permettant aux filles, aux femmes et aux personnes en situation d’handicap d’accéder plus facilement aux opportunités et à l’information. Malheureusement, les stéréotypes sexospécifiques liés à l’accès des filles au numérique persistent ; ce qui impacte non seulement sur leur éducation, leur accès au DSSR et aux filières scientifiques (STEM).

L’impact de la fracture numérique fait que dans le monde, la proportion de femmes utilisant internet s'établit à 57%, contre 62% pour les hommes[1]. En termes relatifs, cela signifie que l'écart entre les hommes et les femmes concernant l'utilisation de l'Internet dans le monde est de 8%. Et dans de nombreux pays, les femmes ont 25% de chance en moins de savoir utiliser les TICs pour des fonctions simples. D’ailleurs, plus le niveau de compétence requis s’élève, plus le fossé se creuse. L’impact, sans être exhaustif, est mesurable à une plus grande échelle lorsqu’il s’agit des pays en voie de développement.  Au Sénégal, le taux d’inégalité hommes-femmes concernant l’accès à Internet avoisine les 30%. Un phénomène qui se creuse davantage et dont il faudrait apporter des solutions concrètes ; commençant par promouvoir l’accès, le maintien et la réussite des filles/Femmes dans les STEM. Ce secteur qui subit le poids de préjugés et de normes sociales.

L'accès au numérique pour les filles et les femmes est essentiel pour leur permettre d'être sensibilisées à leurs droits en matière de santé sexuelle et reproductive et pour les protéger des abus en ligne. Cependant, en raison de leur vulnérabilité, les filles et les femmes sont souvent les premières victimes de cyber-harcèlement et de violence verbale et psychologique sur internet, avec 51% des victimes de cyber-harcèlement étant des femmes[2]. Pour garantir leur participation éclairée et aisée dans l'espace numérique, il est donc important de favoriser un accès équitable et de promouvoir une approche sensible au genre qui prend en compte leurs préoccupations et leurs besoins spécifiques.

Dans cette optique, World Vision Sénégal s'engage en faveur de l'égalité des sexes en adoptant une approche sensible au genre qui vise à éliminer les préjugés et les stéréotypes liés au sexe. Cet engagement se reflète dans sa stratégie globale actuelle (2021-2025) et dans sa théorie de changement pour son approche Egalite Genre et Inclusion (EGI), qui transcende l'ensemble de ses programmes, son plaidoyer, sa communication, son marketing, sa collecte de fonds, le bien-être de ses agents, l'espace de travail et les pratiques institutionnelles. Depuis plus de 70 ans, World Vision contribue à renforcer le pouvoir d'action des filles, des femmes, des garçons, des hommes et des communautés qu'il sert et à favoriser un environnement propice à leur épanouissement.

Aujourd’hui, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes portant le thème : “Pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes”, l’appel est lancé pour que toutes les actions convergent à davantage renforcer l’accès, la participation active et la réussite des filles et des Femmes dans le numérique et la technologie !

Khadidiatou Sidibé
Gender Specialist WVS

[1] Union International des Télécommunications (UIT)

[2] Féministes contre le cyberharcèlement ; « Cyberviolence et cyberharcèlement : le vécu des victimes » ; Novembre 2022