Rebecca, l'heureuse éleveuse de lapins
Écrit par Vedella Rutaha - SBCC and media Senior Officer
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A l'ombre de son clapier, le sourire de Rebecca Kalwira laisse transparaître sa joie lorsqu'elle vient s'enquérir de l'évolution des jeunes lapins mis bas il y a trois semaines. Depuis un an, elle expérimente l'élevage de lapins; une expérience peu répandue dans le village de Kabumbiro, à 24 km du centre de Kalehe, dans la province du Sud-Kivu, où elle vient de passer 12 ans après avoir fui Nyamutwe à cause des attaques des rebelles dans l'est de la RDC.
Rebecca a quarante-quatre ans, et est mère de six enfants dont trois filles. Elle avoue que, contrairement aux autres types d'élevage, élever ou manger des lapins était rare. Pour elle, l'expérience est vraiment nouvelle. "Je n'avais jamais élevé de lapins de ma vie. C'est certainement la force du soutien de Food Security Project et les bénéfices à en tirer qui me motivent", reconnaît-elle.
Bien que les protéines animales soient nécessaires à la croissance et au bien-être de l'organisme, manger de la viande dans ce village n'est pas à la portée de tous. La viande de porc et/ou de chèvre n'est disponible que le jour du marché hebdomadaire.
Pendant un an et cinq mois, en tant que mère de quartier, elle a appris l'importance des protéines animales dans le corps des enfants et des mères enceintes ou allaitantes grâce à son mentor Marie Masumbuko, une mère leader qui bénéficiait des leçons du Care Group, mis en œuvre par le Projet de Sécurité Alimentaire (FSP-Enyanya) financé par l'USAID d'octobre 2016 à septembre 2023.
En plus des leçons sur la santé-nutrition, elle a également appris à tenir un élevage de lapins. "Maintenant, manger de la viande fait partie des habitudes alimentaires de mon ménage", dit Rebecca avec un sourire comme pour exprimer un sentiment de socialisation.
Rebecca est l'une des rares mères du quartier à avoir reçu deux géniteurs du FSP-Enyanya, dont l'élevage connaît de plus en plus de succès. Au stade actuel, elle possède 15 lapins.
"J'ai dû me construire une autre cage à trois compartiments avec les matériaux disponibles afin de dégager et d'aérer les animaux dans l'ancienne cage surpeuplée", explique-t-elle, avant de confirmer : "J'ai déjà vendu plusieurs lapins qui m'ont permis de résoudre certains besoins du ménage et d'en manger d'autres." En attendant, elle travaille à sensibiliser les femmes à tenir une ferme comme les lapins afin de renforcer leur résilience face à la crise alimentaire.
En tant que mère de famille du quartier, elle organise des visites de son clapier pour celles qui sont très intéressées. Plus d'une dizaine de femmes sont venues profiter de ses conseils, tandis que d'autres viennent individuellement pour visiter. Parmi elles, trois femmes ont déjà reçu des lapins gratuits pour se lancer. "Pour les motiver, j'ai donné à celles qui avaient fait des cages. C'était la garantie exigée de ma part pour faciliter un bon accompagnement des bénéficiaires", révèle Rebecca, prenant sa démarche très au sérieux.
Par ailleurs, le bonheur de Rebecca, dévouée et généreuse, est celui d'avoir résolu le problème d'engrais pour son permagarden grâce au fumier de son petit bétail. "J'ai découvert que les excréments sont de véritables engrais organiques, plus efficaces que ceux des autres animaux, c'est pourquoi j'ai décidé de les garder à chaque fois que je nettoie mes cages", dit-t-elle.
Elle confirme qu'elle met une partie des déjections dans son permagarden et une autre partie dans son champ, qui n'est pas loin de sa maison. Plus de trente enfants bénéficient de cet élevage par la consommation de légumes et de viande de lapin
Et pour donner envie aux jeunes générations de devenir des éleveurs, Rebecca implique son mari et ses enfants pour s'occuper des lapins. "Mon mari ne cesse de m'aider à développer cet élevage et j'ai remarqué que mes enfants ont l'habitude et le courage de nourrir les animaux et de nettoyer les cages", confie-t-elle fièrement.
Depuis mars 2019, le FSP-Enyanya a lancé la distribution de lapins dans la zone de santé de Kalehe. L'objectif est la diversification alimentaire, l'accès aux protéines animales et l'augmentation de l'économie dans les ménages des participants. Au total 4 348 lapins ont déjà été distribués dans la zone à 764 mères leaders et 1 028 mères de quartier.